L’Archipel des Bijagos, aussi appelé Archipel des Bissagos, est un archipel de Guinée-Bissau, constitué de quatre-vingt-huit îles et îlots, et situé dans l’Océan Atlantique, en face de la capitale Bissau, à l’embouchure du Rio Geba. Une dizaine de ces îles sont habitées de façon permanente.
Géographie
Les îles sud sont reconnues depuis 1996 en tant que réserve de biosphère par l’UNESCO1. Elles abritent une faune et une flore marines considérables, notamment des tortues marineset le fameux hippopotame marin. Certaines îles sont couvertes de forêts alors que d’autres le sont de savane de type soudanaise. D’immenses mangroves couvrent une partie importante des espaces entre océan et terre ferme. Certaines îles sont peuplées par plusieurs espèces de singes rares.
Les îles de Bubaque, Bolama et Caravela sont les plus peuplées et les plus touristiques alors que l’île de Canhabaque est certainement la plus « authentique » et la plus secrète. L’archipel des Bijagos est un haut lieu de la pêche sportive.
Démographie
Le peuplement de l’archipel des Bijagos est très inégal. Sur les à peine 30 000 habitants de cet archipel, l’île de Bolama en accueille à elle seule près de 9 500 soit un tiers de la population totale. Bubaque (5 000 habitants) et les îles de Canhabaque (3 500 habitants), Orango Grande et Orangozinho (3 500 habitants) en accueille un autre tiers (soit environ 12 000 habitants). L’arrondissement de Caravela (comprenant entre autres les îles de Carache, Formosa, Ponta, Enu ou Maio) abrite le dernier tiers avec un peu plus de 10 500 habitants.
Histoire
Au temps pré-colonial les îles Bijagos étaient importantes pour le commerce sur la côte ouest de l’Afrique et leurs habitants construisirent une grande flotte. En 1535 cela leur permit de mettre en déroute les Portugais lorsqu’ils arrivèrent pour conquérir l’archipel. Chaque île étant politiquement autonome, c’est une par une qu’elles établirent des relations amicales ou non avec les forces européennes en présence, dont les Anglais basés à Bolama, les Français et les Portugais, ces derniers devenant les colonisateurs de la partie coloniale faisant face à l’archipel qui allait devenir la Guinée-Bissau. L’île rebelle de Canhabaque ne fut jamais vraiment soumise. Même si, à la suite de la dernière guerre de 1936, elle finit par accepter une certaine présence portugaise, mais sans toutefois se considérer comme colonisée.
Aujourd’hui des émigrés guinéens, gambiens et sierra-léonais viennent s’installer sur les îles pour y pratiquer la pêche professionnelle. Cette nouvelle intrusion pose de nombreux problèmes car si les Bijogos gèrent au mieux leurs ressources, ce n’est pas le cas de ces pêcheurs saisonniers qui calent des filets dans les bolons et coupent les palétuviers qui retiennent les plages. Certaines îles se trouvent alors sans protection face aux assauts de l’océan et s’effondrent dans l’eau.
Culture
Les habitants de l’archipel se disent Bijogos (ou Bidjogo). Ils sont au nombre d’environ 30 000, divisés en ethnies d’origines différentes, non encore vraiment étudiés. Le peuple le plus important d’un point de vue politique et culturel est le peuple Onhaki (se prononce oniaki – anhaki au pluriel) de l’île de Canhabaque (ou île de Conha). Ce peuple originaire du Mali et descendant des actuels Coniaguis (installés à cheval entre le Sénégal oriental et la Guinée Conakry) est apparenté aux Nalus et aux Biafadas, tous deux situés sur la côte de Guinée-Bissau.
Dans l’archipel des Bijagos, les villages (Tabanca) sont situés à l’intérieur des terres et non sur la côte.
Les Bijogos sont des animistes qui ont conservé une grande partie de leur très complexe culture. Chaque île a sa version de la culture. Ces différences peuvent rapprocher un peuple de l’archipel avec un autre du continent (c’est le cas des Anhaki avec les Nalu) alors qu’ils vont se considérer comme “éloignés” culturellement d’un autre peuple de l’archipel. Leur monde est peuplé d’Irans(esprits). Les initiations assez dures (le Fanado) sont encore pratiquées par une partie des jeunes pour accéder au statut d’adulte. Elles se déroulent en brousse (dans le “mato“) et durent de trois à six mois. Ces initiations tendent à disparaître et des classes d’âge entières refusent de s’y soumettre. Cet abandon a pour conséquence la perte des connaissances portés par les anciens.
Les Homi Grande (Homme Grand – ou Femme Grande) encadrent la vie sociale, économique et culturelle du monde Bijogo. Chaque village est autonome, chaque île aussi mais tous se disent descendants de l’un des quatre “clans” d’origine. Le pouvoir des femmes y est important, sans pour autant représenter un véritable pouvoir matriarcal (à l’exception de Canhabaque). Il faudrait plutôt parler de pouvoir de la lignée matriarcale : on appartient à une lignée matriarcale, à un clan, à un village, puis à une île et pour finir au peuple Bijogo.
Canhabaque est une rebelle. Cette île, la moins peuplée des quatre-vingt-huit qui composent l’archipel des Bijagos, a longtemps résisté aux colons portugais et a su préserver ses coutumes matrilinéaires. Ici, le mariage n’implique ni cohabitation conjugale ni autorité paternelle, et c’est la mère qui choisit le prénom de l’enfant, plus important que le nom. Les villages, comme Inorei, au nord, sont certes dirigés par un roi, l’« oronho », mais celui-ci est choisi par un conseil de femmes. Il doit surtout compter avec l’« okinka », une prêtresse qu’il désigne sur proposition de ce conseil. Originaire du village, celle-ci doit avoir franchi toutes les étapes de l’initiation féminine. Un long parcours qui permet aux femmes de posséder l’esprit errant d’un garçon décédé avant d’avoir été initié. La prêtresse est donc l’intermédiaire privilégiée sur les revenants. Un statut qui lui vaut un respect et une aura inébranlables. (Source wikipedia)
Pour aller plus loin : les îles Bijagos sur Guinée-Bissau.net
Découvrez les photos de l’Île sacrée de Rubane sur le site l’ECOLODGE PONTA ANCHACA